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Interview RadioPFM
Debout sur le Zinc - Mercredi 8 septembre 2004

Depuis que les petites envies de meurtres les ont effleuré, ils nous ont bien fait patienter avant la sortie de leur 3e album des singes et des moutons. Une belle rentrée pour les Debout sur le zinc, avec plusieurs dates dans notre région. C’est avec beaucoup d’émotion (difficilement contenue) que j’ai eu le plaisir d’interviewer Simon.

Mathilde :1/Simon, vous sortez un 3e album avec DSLZ, pourquoi autant de temps entre des singes et des moutons et l’homme à tue tête ?

Simon :Ce sont des choses un peu internes au groupe, on a changé de production, de structure autour de nous et cet album on l’a autoproduit. Du coup ça nous a demandé un tout petit peu plus de temps.

M :2/Ca n’a pas été un temps où vous vous êtes remis en cause ?

S :Un petit peu. Mais tu sais pour tout les musiciens, les comédiens, et pour tout le monde, il y a eu le problème avec les intermittents du spectacle qui nous a fait vachement réfléchir à noter métier et à plein de choses. Donc si un petit peu quand même.

M :3/Tu n’as pas eu peur que le temps entre L’homme à tue-tête et des singes et des moutons, soit un handicap par rapport au public ?

S :On n’a jamais arrêté de tourner, même si c’était peu, on a toujours eu une petite douzaine de concerts par mois. On a eu un petit peur, mais ce sont des peurs qu’il faut vite oublier parce que c’est pas constructif, en tout cas pour nous, ça ne sert pas à grand chose. Notre propos c’est d’essayer de rester sincère et de faire les choses comme on les aime, et à partir de ce moment là les gens sont là ou pas et jusqu’à présent ça a marché. Alors il ne faut pas trop se poser de question.

M :4/Quels regards portez-vous sur votre vécu en tant que groupe avec ce troisième album ? C’est l’album de la maturité ?

S :Ca commence à faire quelques années qu’on fait des concerts et par contre le moment où on fabrique un album, malgré le fait que ce soit le troisième, on est toujours aussi peu sûr de nous. On fait des chansons, on a peu de recul dessus, la seule certitude qu’on est c’est qu’elles nous plaisent ou qu’elles ne nous plaisent pas, et puis on fait le tri et on les met sur un album. Tu vois on a aucun recul par rapport à ça.

M :5/Comment s’est passée l’écriture de ce nouvel album, des singes et des moutons ?

S :Pour cet album là et pour les autres, on a fait à peut près de la même manière. Les trois auteurs amènent des chansons au groupe, qui les cautionne ou qui ne les cautionne pas, car c’est important comme on est un vrai groupe que chaque personne se reconnaisse dans chaque chanson. Après on les donne au groupe, une fois qu’elles sont acceptées et tout le monde arrange la chanson ensemble, ce qui fait que chacun peut y mettre un peu de soi.

M :6/Ne trouves-tu pas que c’est un album avec des ambiguïtés, en particulier sur l’image de la femme, car vous mettez des morceaux comme « Les mots d’amour » avec des morceaux comme « elle » ? C’est quoi votre image de la femme ?

S :L’image de la femme est multiple, il n’y a pas d’image de la femme en général. Il y a une image pour chaque personne, que ce soit les femmes ou quelqu’un d’autre, c’est pareil. Ce n’est pas du tout ambigu au sens où c’est fait absolument sans recul, ce sont des instants, des choses qui nous touchent à certains moments. « Elle m’ennuie » ce n’est pas l’image de la femme de Debout sur le Zinc, pas plus que « les mots d’amour » ou que « deux fois oui » était l’image du mariage, ce sont des chansons. Debout sur le Zinc c’est un vrai groupe, alors il y a 7 cerveaux qui réfléchissent en même temps à chaque thème et qui parlent de concert, donc oui c’est ambigu et ça ne l’est pas. Ce n’est pas descriptif, ce n’est pas ça.

M :7/Mais le titre « elle m’ennuie » est assez dur.

S :Tu peux la prendre comme ça, mais je ne pense pas qu’il faille la prendre au premier degré. C’est une chanson d’humeur. En fait dans debout sur le zinc il y a vraiment les deux parties, il y a en même temps des choses pour réfléchir, des choses pour ressentir, et puis il y a de l’encéphalogramme plat, et ça peut très bien en faire partie.

M :8/Comment définis-tu cet album, car aujourd’hui on met parfois tout et n’importe quoi dans la chanson ?

S :Moi, je ne pense pas qu’on mette tout et n’importe quoi dans la chanson. Je pense que les maisons de disque et la télévision mettent tout et n’importe quoi dans la chanson. En revanche tu poses la question à des gens qui écoutent de la chanson, tout le monde s’est très bien ce qu’est la chanson. La chanson c’est des textes écrits sincèrement ou joliment avec une musique qui essaie de magnifier le propos. Et nous là dedans, on se situe dans l’alternatif, de la chanson alternative comme les ogres ou les Hurlements.

M :9/Pourquoi ce titre, des singes et des moutons ?

S :Il y a une chanson dans l’album qui s’appelle les moutons, Le refrain de la chanson dit : « je singe les moutons », c’est une image de comme on peut réagir et finalement deux manières de réagir qui reviennent au même.

M :10/On dit de vous que vous êtes les trublions de la chanson française, qu’est-ce- que ça t’inspire ?

S :(rires) Je ne sais pas du tout ce que ça veut dire (rires). Il y a quelqu’un qui à du le lire un jour quelque part et ça a été repris par quelqu’un d’autre qui lui-même l’a repris qui lui-même le tient de son grand-père. Il y plein de choses comme ça qui sortent d’on ne sait pas où.

M :11/Quel rapport entretenez-vous avec le public ?

S :La scène c’est ce qu’on a voulu faire dès le début et c’était le seul moyen pour nous d’exister en tant que groupe. Depuis on a rencontré des musiciens qui ne vont jamais sur scène, qui ne vont qu’en studio ou qu’à la télé ou qu’à la radio, mais en fait nous on a commencé par là. On a commencé par la rue, puis dans les bars, et sur scène. C’est notre escalier à nous le public. C’est aussi important que les disques ou la composition, c’est une autre facette de ce qu’on fait tous les jours.

M :12/ Vous avez participé à l’album des ogres de barback Pitt Ocha, comment écrit-on une chanson pour les enfants ?

S :Ca ne m’a pas paru insurmontable en tout cas. Il y avait un cahier des charges. Quand tu fais des chansons tu as rarement l’occasion qu’on te dise il faudrait écrire un truc là-dessus, parce que toute la démarche de savoir sur quoi tu vas écrire, c’est une démarche qui est super compliquée, donc là on avait déjà fait la moitié du chemin. Après c’était une chanson pour enfant, mais il fallait en même temps évoquer le voyage, et nous on est plutôt citadins, on voyage mais c’est pour notre métier ; donc je me suis demandé ce que ça évoqué pour moi l’enfance, et quand tu réfléchis ça évoque plein de trucs et ça évoque aussi beaucoup l’école, et pour le voyage, il y a une manière de voyager qui consiste à rencontrer des gens différents de toi. L’idée est née comme ça.

Interview par Mathilde